La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde

Chapitre IV - La puberté 2ème partie

Première partie

Extrait - Page -62

Je situe au Noël 1947 un souvenir instructif et douloureux qui me confronta, en me laissant un goût d'amertume, aux tristes réalités de la vie.

Julienne était invitée chez ses futurs beaux-parents pour le réveillon. Mes parents se rendaient chez des “amis” de papa. Grand-mère commençait à perdre la tête et se couchait tôt. Taty Jeannette et tonton Pierre, du fait de leur commerce, finissaient tardivement leur journée du 24 décembre et ne réveillonnaient pas vraiment, ouvrant leur magasin le lendemain matin.

De ce fait j'étais seule ce soir-là. Je dînais avant le départ de mes parents et demandais un livre à papa pour passer la soirée. Il me prêta “La vérité sur Bébé Donge” dont je ne me souviens plus du nom de l'auteur. Je dois dire que la lecture de ce livre me surpris. La vie de cette femme à l'apparente froideur sexuelle envers son mari, et que ce dernier trompait copieusement, m'apparut comme une frustration de mon espoir de joie de Noël. Cette histoire qui développait intérieurement et intellectuellement les causes de sa frigidité, par la vision enfantine de ses parents, durant une relation intime de ceux-ci, me semblait un conte désabusé. L'enfant, vierge de douze ans, que j'étais, trouvait ce récit réaliste, sans doute éventuellement vrai, écœurant et triste. Car enfin, n'était-ce pas par faute de dialogue et d'Amour vrai que ces deux êtres se trouvaient séparés !

Malgré l'heure divine qui était au pardon, j'en voulus à mon père d'avoir fait ce choix pour une nuit de Noël. D'autant que je savais fort bien que cette soirée se passait chez sa maîtresse et qu'il y emmenait maman, au grand déplaisir de celle-ci.

Extrait - Page – 64 – 65

En 1948, l'état de santé de maman nous causait beaucoup de soucis. Elle travaillait au "Syndicat des bois aux mines" comme comptable. Chaque matin, avant de prendre le métro, elle montait s'occuper de sa belle-mère dont l'esprit commençait à s'égarer et dont les malaises cardiaques plus fréquents l'obligeaient à garder la chambre.

Maman avec un dévouement sans limite s'est penchée sur ses problèmes journaliers avec une infinie patience. Papa, fuyant toujours la maladie comme la peste, avait toujours de bonnes excuses pour ne pas monter voir sa mère. De plus, les problèmes domestiques lui étaient complètement étrangers, en dehors de cuisiner, art dans lequel il excellait, à condition d'avoir trois marmitons sous ses ordres, maman, Julienne et moi-même.

Maman veillait que grand-mère ait la nourriture et l'eau nécessaire pour la journée, vidait le seau hygiénique, retapait le lit, aidait à des ablutions rapides et mettait le petit déjeuner en route si nécessaire. Puis elle redescendait bien vite pour s'assurer que j'étais prête au départ, pour l’école, partait ensuite pour son travail, non sans avoir préparé celui de la femme de ménage. Celle-ci venait deux fois par semaine, maman ne pouvant faire, ménage, lessive et repassage en plus de tout le reste. Elle se sentait très fatiguée, mal soignée par le “médecin de famille” comme je l'ai déjà dit.

J'admirais beaucoup l'attitude de maman pour la mère de ce mari infidèle, qui était la cause de son état de santé en grande partie. Le chagrin, la rongeant depuis plusieurs années, avait offert un terrain favorable à la maladie. Pour compenser sa tristesse je travaillais du mieux possible en classe pour qu'elle n'ait, au moins, pas ce souci-là.

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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Extrait Chapitre IV - La puberté 2ème partie

"La première et merveilleuses histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines

Date de dernière mise à jour : 09/02/2024

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