La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde

Chapitre IV - Quand la brisure est inéluctable

Extrait pages - 55 - 56

   L'idée de partir travailler avec Grégoire aurait pu être bonne s'il était resté quelque amour entre nous, mais c'était un beau gâchis. Nous essayâmes de penser surtout au travail, dans la journée. Le soir, nous attendions avec impatience l'heure de téléphoner à ceux que nous aimions en prenant des nouvelles de Sylvie. Cette dernière ne paraissait pas traumatisée par ce nouveau mode de vie, du moment qu'elle avait ses petites amies à ses côtés.

Je tins le coup la première semaine, mais la deuxième mes nerfs craquèrent. J'aurais eu besoin de consolation et de tendresse affectueuse, mais Grégoire m'en voulait. Il me disait que je n'avais pas su retenir Édouard et que c'était bien fait pour moi si je souffrais, lui aussi était dans le même cas et le gardait pour lui-même.

Ce soir là, quand je le supposai endormi, je pris les photos des enfants à la main et résolus de me jeter par la fenêtre de l'hôtel. Les plafonds étaient hauts et les doubles rideaux lourds à tirer discrètement. N'y arrivant pas, je posais les photos et tirais de toutes mes forces faisant dégringoler la tringle métallique au sol dans un bruit infernal. Grégoire se leva d'un bond, sauta sur moi, me jeta sur le lit violemment et me dit :                       .                                                    
- “Ca suffit les conneries, pense à tes enfants autrement qu'en photo et dors !”                                  .                                                                    
Il se recoucha sans plus et je restais dans le noir à sangloter doucement, par instant j'avais envie de hurler ! Il restait deux jours avant le retour, j'essayais de garder mon calme et je me promis que je ne repartirais pas la semaine suivante.

Je ne repris donc pas la route avec Grégoire et Édouard vint me voir le mercredi soir comme autrefois. Il reconnut, qu'il était lui-même très malheureux et n'aspirait qu'à venir revivre avec moi. Il m'assura que c'était pour ses enfants il essayait encore de tenir. Il était travaillé par le souvenir de notre vie commune, cela se voyait. Sa femme ne pouvait pas, ne pas s'en rendre compte !

Milène reprit le thème de la grande maison commune :

 “Le temps que ça nous passe, disait-elle, un, deux ou dix ans ! ...”

 Cela amenait un sourire contraint sur les lèvres de tous, mais nous restâmes dans ce statut quo jusqu'à ce que Grégoire arrête sa tournée de la saison de Noël. Lorsqu'il fut sur place, travaillant à Gazeran, Milène et lui se virent tous les jours, dès qu'ils le pouvaient. Se rendant compte de cela, Édouard décida qu'il revenait vivre avec moi-même. Les vêtements quittèrent de nouveau les placards des chambres pour un échange ! Milène déclara qu'elle montait dans son Olympe et ferait comme on le lui dirait... Ce fut sa phrase préférée pendant des mois, cette situation se reproduisant plusieurs fois, dans ceux qui suivirent.

En effet, pour Noël 1968, Édouard me dit :

-“Milène a promis aux enfants que nous irions seuls avec eux, fêter Noël à Noirmoutier.

Les enfants sont ravis, je ne veux pas les décevoir.”

 J'aurais eu mauvaise grâce de ne pas comprendre la joie des enfants d'être un peu seuls avec leurs parents, aussi m'effaçai-je, sans joie, mais avec amour.

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Date de dernière mise à jour : 30/06/2025

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