La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde

Chapitre V - Famille - Vacances

Extrait - pages 78-81

    La maman d’Édouard possédait, au Perray-en-Yvelines, un élevage de lapins russes reproducteurs et une sélection de poules pour lesquels elle avait été plusieurs fois primée et reçut pour ses initiatives dans ces activités, la médaille du Mérite agricole. C'était une femme magnifique, aimant paraître et les honneurs. Un peu imbue d'elle-même et très attirée par “les particules”, ce qui lui valut une mésaventure. Elle s’était liée d'amitié avec une, paraît-il, authentique princesse Roumaine qui ne roulait pas sur l'or ! Celle-ci, sous prétexte de relations intéressantes pour faire connaître la production de Matty (petit nom donné à leur grand-mère par ses petits-enfants) l'entraîna dans des dépenses inconsidérées pour son élevage et la maison lorsqu'elle y vécut également. En dernier lieu, s'occupant des règlements, elle se servit elle-même substantiellement du chéquier puisqu'elle avait la signature. Puis elle disparut, laissant Matty dans une situation dramatique au final, puisque cette dernière y perdit tous ses biens en 1972.

Lors de ce repas familial, j'étais vêtue d'un ensemble de jersey rouge, tunique et pantalon, confectionné par moi-même. Matty qui dépensait beaucoup pour sa toilette, le trouvant sans doute trop simple pour son goût, me fit la réflexion que son fils avait bien les moyens de m'offrit des vêtements de confection. Un peu surprise de cette attaque directe, je répondis qu'actuellement, l'installation de la maison lui occasionnait beaucoup de frais. Je jugeais plus raisonnable pour le moment de n'en pas faire, personnellement, de supplémentaires. Elle était de la trempe que je connaissais bien et à laquelle il valait mieux montrer tout de suite fermement que l'on ne se laisserait pas faire.

Pour Pâques 1970 nous passâmes quelques jours à Venise, logeant dans les environs directs, à la Villa Condulmer, ancienne et noble demeure transformée en hôtel. Le cadre était splendide intérieurement et le parc commençait doucement à s'épanouir. Malheureusement la pluie fut fréquente et les promenades en gondole, de ce fait, limitées.

Nous visitâmes églises, palais et musées lorsqu'il pleuvait et profitâmes des quelques éclaircies pour nos balades sur l'eau. Une fois en amoureux, bercés par le chant du gondolier, à une autre occasion, en canot moteur pour faire un plus grand tour sur la lagune et aller à Murano admirer la cristallerie et commander quelques verres pour monter notre ménage.

Cependant, notre meilleur souvenir, sans doute parce que le soleil était de la partie, fut notre passage à Vérone, sur le retour de notre voyage. Était-ce, l'omniprésence de Juliette et Roméo, la visite au tombeau de l'éternelle amoureuse ! La ville elle-même, poudreusement dorée dans le soleil, tout nous enchanta ! Nous dégustâmes un délicieux osso-buco dans un restaurant fort sympathique et simple. La vision sur les environs était superbe du haut des collines dominant ce lieu ! Pour tout cela, nous fûmes plus sensibles au charme de Vérone qu'à celui de Venise. Peut-être aussi, ajouterais-je, que nous étions très amoureux l'un de l'autre et que l'ambiance romantique agissait, même sur Édouard qui ne l'était pas !

Nous restions en effet, très passionnés et sur le plan des rapports physiques, depuis que nous vivions ensemble, dès que nous étions en contact, il se produisait une attirance si forte que nous y succombions tous les soirs, sauf jours d'impossibilité menstruelle.

En dehors de ce lien puissant, de plus profonds se tissaient petit à petit au fil de notre vie commune. En nous découvrant de nombreux points d'intérêts similaires, pour notre environnement direct, cadre de vie, intérieur et extérieur, fermeté et tendresse pour nos enfants, goût du travail bien fait et efficace, plaisir de rouler vite lorsque cela était encore permis, donc intérêt pour le véhicule permettant ces performances. L'attrait des vieilles pierres, des styles Louis XIII et Régence, de la gastronomie. La joie de bien recevoir la famille, pour les fêtes notamment. Le choix de nos vacances, le plus souvent courtes et rares du fait de nos occupations, surtout lorsque les enfants furent plus grands. Nos goûts musicaux, nos choix de programmes de télévision et de films, assez proches.

En revenant d'Italie, nous passâmes à Sanary voir ma sœur et mon beau-frère. Je désirais qu’Édouard fasse plus ample connaissance avec eux et qu'ils se forment une opinion plus crédible de l'homme que j'aimais, car les précédentes rencontres auraient pu le faire juger tout autre qu'il n'était en réalité.

Mon beau-frère avait un poste à responsabilités au chantier naval de la Ciotat et ils envisageaient de construire à la Cadière d'Azur et de rester maintenant un certain nombre d'années dans le midi. Danièle était à la faculté d'Aix en Provence, et Patrick cherchait sa vocation. Si mes souvenirs sont fidèles, le frère et la sœur vivaient alors à Marseille, tous les deux, dans un petit appartement qu'ils partageaient.

Les mois passèrent... Des échos de mots dits, sur mon compte, par Milène à ses enfants m'arrivèrent comme une volée de bois vert du style :

-“Elle se fera faire un enfant, vous verrez, pour garder votre père, c'est par intérêt qu'elle est avec lui !”

Ce dernier trait me fut rapporté par Bertrand. La conversation suivante, eut lieu, un jour où il était seul à la maison avec moi. Je repassais le linge dans la pièce orange qui lui servait de chambre ainsi qu'à son frère quand ils habitaient avec nous. Il me demanda si j'aimais son père, parce que sa maman lui avait prétendu que c'était l'argent qui m'intéressait ? Édouard débutait dans sa nouvelle activité. A court d'argent, pour faire la paie de son personnel, ce mois-là précisément, c'était maman qui lui avait avancé, les dix mille francs, dont il avait besoin. Je l'expliquai simplement à Bertrand, en ajoutant que j'aimais sincèrement son papa. A partir de ce jour-là,  il fut un très gentil beau-fils, bien qu'il continua à subir de la part de sa mère des réflexions du genre :

-“Tu n'as rien à te mettre parce que Micheline déchire tes vêtements quand tu vas au Mousseau”.

 Car il retrouvait effectivement ses vêtements déchirés, mais par sa propre mère, ce dont il n'était pas dupe ! Mais, faits que j'ai ignorés pendant vingt cinq ans !

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Date de dernière mise à jour : 01/07/2025

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