La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde

Chapitre V - Le doux

 Extraits – pages – 229– 230 – 231– 232– 233 – 234 - 235 - Le doux

Je revis Michel, accompagné de son épouse Marie-Françoise, chez Suzanne un après midi où j'allais rendre visite à cette dernière. Le couple échangeait des réflexions aigres-douces et je voyais le regard attristé de Suzanne se poser alternativement de l'un à l'autre, puis me prendre à témoin d'un coup d'œil désolé. Après leur départ, elle me dit :

-“Ces deux là me désespèrent depuis quelques temps. Marie-Françoise est aigrie du fait que le projet sur lequel travail son mari n'aboutit pas. Elle est fière de son père et de la réussite de son invention, (il était en partie l'inventeur du radar) elle aimerait voir son mari l'égaler. Elle ajouta, Michel travaille à l'Observatoire de Meudon sur un engin d'observation stellaire. J'aimerais que vous vous approchiez de ce couple pour voir si vous pouvez les aider, vous êtes plus jeune que moi, ils vous toléreront plus facilement !”

J'acceptais volontiers car j'aimais beaucoup Suzanne et Henri. Je promis d'aller admirer le travail fait pour l'agrandissement de la maison de leurs enfants, cela me donnerait une entrée en matière...

...  Dans le cours de la conversation lors de ma visite, Michel parla de la lunette qu'il avait à domicile et qui lui permettait d'observer la lune qui était pleine en ce moment. Cela m'ayant toujours passionné, je lui dis que j'aimerais bien l'observer. Il me proposa de venir le soir même. Je lui dis que Bertrand, mon beau-fils serait certainement intéressé lui aussi. L'un et l'autre me dirent : “Venez tous les deux ainsi qu’Édouard.”

Bertrand fut d'accord, mais Édouard déclina l'invitation de se joindre à nous. Bertrand et Michel parlèrent longuement des travaux de ce dernier...

... Je n'avais toujours pas pu avoir “le son de cloche” du côté de Michel, concernant leur malaise conjugal. Je ne savais trop comment m'y prendre pour pouvoir analyser la situation. Cependant, dans le courant de la conversation, j'avais dit que je promenais Nelson tous les jours dans la forêt de Louveciennes où dans le bois de Marly, et j'eus, quelques jours plus tard, la surprise de voir Michel garer sa voiture près de la mienne dans le chemin bordant la forêt de Louveciennes. Étonnée de cette rencontre, je lui en demandais la raison ?

-“Je passais par-là en rentrant chez moi, me dit-il, et j'ai eu idée de venir voir si vous vous y promeniez.”...

... A cet instant, j'hésitais à poser quelques questions parce qu'il était grand temps pour moi de prendre la route du bureau. Cependant, j'acceptais une rencontre impromptue lorsque les circonstances coïncideraient...

...Ce fut ainsi, avant même d'avoir entrepris notre pose de papier, que je connus les griefs qu'il formulait contre son épouse. En effet, deux jours plus tard, alors que j'arrivais à l'orée du bois, promenade idéale pour Nelson qui folâtrait avec bonheur dans tous les buissons, j'y trouvais Michel assis au volant de sa voiture et qui m'attendait. Il arborait un grand sourire enfantin, mi-implorant, mi sur de lui, en me disant :

-“Je n'ai pas pu résister au désir de vous voir et de bavarder un quart d'heure avec vous ! Ne m'en veuillez pas, vous me faites l'effet d'un petit rayon de soleil dans ma vie !”

Je ne savais trop que penser de son petit discours, mais comme je m'étais engagée à comprendre ce problème de couple, je lui souris et lui demandais si je pouvais l'aider en quelque chose.

-“Oui, me dit-il, me sortir de ma grisaille ! J'ai l'impression de m'engluer actuellement, mon travail à l'Observatoire n'avance pas comme je le désirerais, Marie-Françoise m'en veut de n'être pas aussi brillant que son père, de ne pas gagner plus d'argent, de passer tout mon temps disponible pour améliorer la maison, etc. De mon côté, je la trouve pénible avec ses réflexions, et je lui en veux de ne faire aucun effort pour maigrir et s'arranger un peu, couper ses cheveux qu'elle porte en chignon innommable ou comme une gamine, sous la forme d'une queue de cheval, comme lorsque je l'ai connue ! Elle me répond que si elle n'est pas coquette, c'est pour ne pas faire de dépenses inutiles ! Sous-entendant que j'en fais trop avec l'aménagement de la maison.”

Que répondre à cela, lorsque je savais que cela faisait des mois qu'ils campaient l'un et l'autre sur leurs positions ! Je lui proposais de voir Marie-Françoise plus souvent et de l'inciter à être plus coquette, comme je l'étais moi-même, malgré mon évolution, cela la motiverait peut-être ! Michel me remercia et m'assura :

-“Le plus grand bien que vous me fassiez, c'est d'accepter de me rencontrer de temps en temps comme aujourd'hui. ll confirma sa phrase du début en ajoutant : vous êtes le soleil qui me manque !”

Nous nous séparâmes ce jour-là en confirmant notre rendez-vous “papier peint” de la semaine suivante. Je lui dis que j'apporterais un repas que nous partagerions avec Édouard sur notre chantier. Il s'informa que j'avais bien tout le matériel pour exécuter cet ouvrage. Je lui précisais qu'avec tous mes récents travaux dans l'appartement,  j'étais parfaitement équipée.  

Je rentrai un peu plus tôt ce soir-là et passai voir Marie-Françoise qui parut contente d'étaler ses propres griefs contre son mari.

-“Tant qu'il ne fera pas d'efforts je n'en ferai pas non plus, me dit-elle !”

Je lui démontrais le cercle vicieux dans lequel ils s'engluaient, en ne faisant ni l'un ni l'autre le geste d'un premier pas, mais peine perdue, elle jugeait que ce n'était pas à elle de le faire!...

Alors que je m'apprêtais à partir, Michel arriva justement. Il parut, à la fois, surpris et heureux de me voir chez lui et me proposa de prendre l'apéritif. Mais il était l'heure pour moi de regagner la maison et je refusais poliment son invitation. Je n'étais d'ailleurs pas certaine que son épouse avait apprécié son amabilité non dirigée vers elle !

Le temps de réunir, poster qu'il fallut commander, et papier peint représentant du lierre grimpant, tout ce matériel ne pouvait être prêt avant le jeudi suivant, et précisément ce jour-là Michel ne pouvait se libérer de son travail. Nous remîmes notre chantier à la semaine suivante. Mais il me demanda de continuer à venir bavarder pendant la promenade de Nelson lorsqu'il pourrait se libérer. Je ne refusais pas puisque cela paraissait l'aider. Je me rendis chez Suzanne pour lui faire part de mes constatations et de mon timide essai de conciliation entre ses enfants.

-“Il faudrait que Marie-Françoise ait un peu plus de distractions, me dit-elle, elle serait ainsi de meilleure humeur et ferait peut-être un effort.”

Je lui promis de chercher une solution.

Ayant parlé à Édouard de mes efforts pour aider ce couple, je lui demandais s'il accepterait que nous les invitions à déjeuner un dimanche où nous serions sans enfant ou un samedi soir ? Il n'était pas ravi, mais comme Michel nous aidait pour le bureau, il se voyait mal refuser et il accepta donc du bout des lèvres ! …

J'allais visiter Marie-Françoise à des heures où je pensais la trouver seule pour la distraire un peu et bavarder de choses et d'autres. Je fis notre invitation pour un samedi soir, sans ses enfants, elle le préférait, cela ressemblait plus à une sortie ! Elle parut enchantée. J'espérais qu'elle améliorerait sa présentation pour faire plaisir à son mari. Je lui proposais de lui montrer à se maquiller les yeux et lui passais quelques objets de maquillage. Un autre jour nous nous amusâmes comme des gamines, en présence de sa fille Martine qui avait treize ou quatorze ans, pour lui trouver un look nouveau. Ce soir-là, Michel rentra plus tôt et ne remarqua même pas son léger maquillage. Je dus lui faire remarquer discrètement cet essai pour qu'il lui dise une gentillesse devant moi, j'y tenais. Il s'exécuta d'un air mi-amusé, mi-ennuyé ! Marie-Françoise me jeta un regard consterné, parce qu'elle n'était pas dupe, et me dit à mi-voix quelques instants plus tard lorsque nous fûmes seules :

-“Tu vois, (nous avions décidé de nous tutoyer) il ne remarque rien, quoique je fasse !”

Je sautais sur l'occasion pour lui dire :

-“Si tu coupais tes cheveux, il le remarquerait !”

-“Ah ! Cela pas question, s'exclama-t-elle, mes cheveux, jamais !”

Michel qui revenait avec les glaçons pour l'apéritif et avait entendu la fin de la phrase, me regarda d'un air entendu, et haussa les épaule, les yeux au ciel.

Je me dis : ma fille, c'est un coup d'épée dans l'eau !

Le jour de notre chantier à Neuilly arriva et j'allais ce matin-là chercher Michel vers huit heures trente. Nous fîmes un cours passage dans la forêt, car la journée serait longue pour Nelson. La matinée passa à poser le poster qui était le travail le plus délicat à effectuer, ainsi que la coupe de quelques laies de papier peint. J'avais préparé un croquis à l'avance avec les dimensions, ce qui permettait cette préparation plus rapidement. L'heure du repas fut un court moment de détente et c'est à un rythme, que Michel qualifia “d'endiablé” que nous continuâmes jusqu'à finition complète l'habillage des murs. Le résultat était satisfaisant et nous étions fiers de notre travail. Michel assura qu'il n'avait jamais travaillé à un tel rythme. Édouard lui dit en riant : “C'est toujours ainsi qu'elle procède !”

Le temps que nous rangions notre matériel, Édouard partit devant avec Nelson pour le faire promener dans la partie zone d'herbe qui régnait à l'extrémité de notre résidence. Je déposais Michel devant sa porte, en le remerciant mille fois de son aide. Comme il était tard, je priais Marie-Françoise, qui apparut au pas de porte, de m'excuser d'avoir retenu son mari si longtemps, parce que je voulais tout finir. Elle me répondit :

-“Je suis habituée avec nos travaux ! …”

Ils vinrent dîner à la maison la semaine suivante. Édouard fut aimable comme il sait l'être lorsqu'il le veut bien ! Quand ils furent partis, il me dit :

-“J'espère que ce ne sera pas trop souvent, elle est pénible à vouloir jouer la grande dame !”

Il n'ajouta aucun commentaire sur la mise et la présentation, mais je lus dans son regard qu'il comprenait Michel. Une invitation de leur part avait été lancée pour le mois prochain, mais nous avions le temps de voir venir !

RETOUR A LA TABLE DES MATIERES IV

Grape vine 1Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Troisième partie - Extraits - chapitre V - Où il est question du sacrement de pénitence - Le doux

"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"

Date de dernière mise à jour : 03/07/2025

Ajouter un commentaire