Chapitre XII - 1 - Le supplice - Face à l'avenir
Sixième partie
Extrait – page – 1310
... Le Chevalier s'écria alors :
“Officiez !” Les deux sbires se précipitèrent sur les chaînes qui traînaient au sol, les tirèrent et les accrochèrent au troisième cran de serrage. Gaétan se trouva soulevé d'un mètre au-dessus du sol et surtout l'étirement devint plus douloureux. Le jeune homme savait ce que le Chevalier attendait de lui et s'enferma dans sa résolution de ne pas livrer sa bien-aimée, la famille de celle-ci et son propre père. Son persécuteur ordonna d'accélérer le supplice en augmentant la puissance de serrage.
L'écartèlement accentué fit gémir le jeune homme. La douleur se répercutait de la base de ses membres jusque dans la nuque et lui vrillait la tête, comme si l'on voulait lui arracher la cervelle pour y lire dedans. C'était atroce ! Le Chevalier le savait bien qui attendait avec un rictus mauvais au coin des lèvres et lui lança :
“Parle, où est-elle ?”
Gaétan sentait ses membres s'engourdirent, proches de se disloquer. La souffrance montait par vagues incessantes au cerveau, la sueur perlait à son front, son dos était trempé. Il ne distinguait pas l'extrémité de ses membres, car il ne pouvait plus bouger la tête.
“Je te laisse réfléchir un quart d'heure, hurla le Chevalier de R…, quand je reviendrai, le serrage s'accentuera, réfléchit vite !”
Extrait – pages -1311 – 1312
Dès son entrée dans les lieux, celui-ci ordonna le serrage à mort, d'une voix tonitruante ! Il espérait un aveu rien qu'à cette évocation ! Sans attendre, les bourreaux exécutèrent la manœuvre sans hésitation et le corps de Gaétan, étiré à l'extrême, subit l'extension avec des craquements sinistres. La douleur s'irradia dans tout son être et il hurla sa souffrance comme une bête prise au piège ! Son tortionnaire s'approcha de lui en faisant signe de relâcher imperceptiblement la contrainte des chaînes. Gaétan ne s'en trouva pas mieux, le poids de son corps pendant, pesait plus fort sur ses extrémités écartelées et rompues. Il savait qu'il en était fini de lui. Parler même, s'il l'avait pu, ne changerait plus rien à son sort. Sa jeune vie pendait aux bouts des chaînes, haletante et brisée. La douleur chaude et fouaillante l'envahissait par vague et sa vue s'obscurcissait ainsi que son esprit.
Le Chevalier s'écria rageur :
“Vous avez été trop vite en besogne, il ne parlera pas, il sait qu'il n'en réchappera plus !”
La colère le rendait fou, il brandit sa dague en direction du cou du jeune homme, mais celui-ci ne voyait plus son geste. C'est à peine s'il sentait le froid du métal, tant il n'était plus qu'une masse uniforme de souffrances. La voix de son persécuteur atteignait avec peine son cerveau, il ne distinguait plus les mots. Le sang, à la suite d'une nouvelle rupture interne des vaisseaux et de la dilatation de tout le système circulatoire, venait d'envahir les oreilles. Il sombra dans une sorte de coma où la souffrance s'étira… s'étira…
-Il était au seuil d'un tunnel sombre et dont l'extrémité opposée rayonnait de lumière. Il avançait léger comme la brise, le cœur plein d'amour et d'espérance, vers la source lumineuse. La forme de celle-ci se précisait. Le rayonnement émanait d'une ancre surmontée d'une croix : “L'ancrage dans la Lumière de Vie”, but de toutes créatures et de tous les mondes de l'Univers.
La Shekhina arrêta brusquement son récit. Un rictus douloureux barrait son lumineux visage, comme si elle était prise entre la souffrance passée évoquée et l'avenir qu'elle présentait.
Extrait – pages -1313-1314 - Face à l’avenir
Après ce récit, Mickaëla s'attendait, de la part de la Shekhina, et moi-même également, au fur et à mesure que je le recevais pour l'écrire, à un long épilogue qui rapprocherait ce passé, du présent. Il n'en fut rien, cette dernière se contenta de lui expliquer :
-La Shekhina est la fiancée du Fils de Dieu, ce n'est que lorsqu'ils seront réunis que le Tétragramme divin sera complet et que l'Homme progressera vers la Suprématie, ancrant sa planète dans la Lumière de Vie. Maintenant, il est nécessaire de ne plus faire l'erreur du choix de partenaire pour la Shekhina, les temps sont révolus.
Cependant, en tant Michaella du vingtième siècle et début du vingt-et-unième siècle je ne pus m’empêcher de poser une question à la Shekhina fille de Dieu, je lui demandai :
-Pourquoi avoir choisi d’être un homme, ce jeune écuyer, dans cette période du passé, puisqu’il ne pouvait être l’épouse du Fils de Dieu ?”
La Shekhina sourit un peu tristement et répondit :
–Il me fallait prouver que j’étais capable, moi aussi, de faire le sacrifice de ma vie par Amour inconditionnel, comme mon frère et futur époux.
Si la première partie de la réponse pouvait me satisfaire, il n’en était pas de même de la seconde, un frère n’épouse pas sa sœur ? Et je le lui dis. Alors la réponse me surpris, mais finalement je la comprends de mieux en mieux maintenant.
-Tu apprendras un jour que tu vis, ainsi que tous ceux qui t’entourent, dans un monde d’illusions que vous créez vous-mêmes, en oubliant que chacun de vous est une partie de la Lumière qui EST notre Créateur, ses filles et ses fils ne répondant pas, en tant que tels, aux critères des religions crées par les Humains.
A cette époque de ma vie cette réponse ma laissée rêveuse, me disant que le jour viendrait où je comprendrais.
Cependant le rapprochement que l'on pourrait faire, avec les propos tenus à la fin de son récit concernant Gaétan, par la Shekhina, serait que la “missionnée de la fin du vingtième siècle” n'avait pas eu la possibilité de choisir le Fils comme partenaire, et que ses interventions avaient souffert du manque d'aide que ce dernier devrait lui apporter pour que leur mission commune réussisse pleinement.
Ce constat, moi je le fais, car je sais de quoi je parle, mais la Mickaëla qui me succéderait, comprendrait-elle, à la lueur du récit qu'elle allait recevoir, la faille qui avait ralenti mon action ? ...
Extrait – pages – 1315- 1316 - 1317
... Ce n'est que quelques mois, avant même qu'elle ne sache sa nomination actuelle, que Mickaëla connut une partie des détails de son précédent karma. Celui qui avait amené la Shekhina de la fin du vingtième siècle à accepter une nouvelle mission, celle du sauvetage de la planète Terre, au bord d'un gouffre dû à l'oubli pour Son Créateur...
... Demain, il lui faudrait reprendre son activité et faire bonne figure à tous ces nouveaux collègues et à son coéquipier, qu'elle souhaitait être le sympathique Marc qui l'avait raccompagnée le vendredi soir fêtant son arrivée.
Apparemment, c'était le choix d'Eddie, car à l'heure du départ, elle trouva Marc au volant, garé et l'attendant devant la porte de son immeuble. Ils échangèrent un petit sourire entendu en s'abordant et se serrèrent franchement la main en signe du désir qu'une bonne entente s'instaure entre eux.
Dès leur arrivée, Whitney leur fit signe qu'ils étaient attendus dans le bureau du chef. Ils y filèrent aussitôt. Eddie était assis derrière son bureau, le nez plongé dans un rapport, lorsqu'ils frappèrent à la porte. Il releva lentement la tête et regarda, l'air soucieux, dans leur direction, sans paraître les voir, à travers les lamelles du rideau qui masquait imparfaitement la vitre. Il lança, cependant, un vif ‘entrez’ et retourna à ses feuillets le front barré d'un pli songeur.
Plusieurs minutes s'écoulèrent avant qu'il ne relève le visage. Lorsqu'il le fit, son regard croisa celui de Mickaëla et s'éclaira soudain en un sourire chaleureux, ce qui n'échappa, ni à la jeune femme, ni à son équipier ! Eddie se leva, contourna son bureau, vint vers eux la main tendue, ce que Marc lui avait rarement vu faire en de telles circonstances ! Il les pria même de s'asseoir et leur donna les conseils d'usages destinés aux nouveaux coéquipiers. Son regard ne quittait pas le visage de sa nouvelle recrue et Marc se dit qu'on lui avait changé son chef !...
Extrait – page – 1317
... L'entretien se terminait, lorsqu’Eddie, prenant un document sur son bureau, le tendit à Marc et lui demanda de le porter à Straub, l'un de ses collègues. Ce geste, de l'intuition de Marc, devait être prémédité, dans le but de rester en tête-à-tête quelques minutes avec la jeune femme. Mickaëla ne fut pas dupe non plus et dès que la porte se referma sur son coéquipier, elle s'attendit aux questions de son supérieur. En effet, elles fusèrent tout de suite !
“Quand pouvons-nous nous rencontrer? Je brûle d'impatience d'entendre votre récit, lui dit-il. Êtes-vous bien installée, serez-vous disponible un prochain soir ?”...
... Mickaëla n'avait aucune raison de ne pas accepter. L'invitation était correctement exprimée et toute l'attitude désagréable qu'il avait affichée à son égard lors de leurs précédentes rencontres, avait totalement disparue...
Extrait – page – 1318
... La jeune femme appréhendait un peu cette rencontre. Elle n'avait pas encore décidé à quel niveau de vie de son karma précédent, elle devait entreprendre le récit qu'elle se préparait à faire à Eddie. Si elle optait de commencer au tout début, à la naissance de cette autre elle-même, sa narration prendrait des heures et même des jours ! … Comment s'y prendre pour relater, sans ennuyer, et en menant à bien la rencontre des points communs avec le présent !
A dix-huit heures, alors qu'elle choisissait la tenue qu'elle porterait pour ce dîner, un appel téléphonique d'Eddie la fit sursauter.
“Je passerai vous chercher vers dix-neuf heures trente, lui annonça-t-il, après les salutations d'usage. Puis-je monter jusque chez vous ou préférez-vous que je vous téléphone quand je serai au bas de l'immeuble ?”
Extrait page – 1319
... Se regardant avec complaisance dans la psyché de sa chambre, Mickaëla suspendit à son cou, un médaillon et aux oreilles des pendentifs, faits de pierres de turquoise serties dans un filet d'or, cadeau de ses parents pour son dernier anniversaire. Se mirant ainsi, un souvenir fulgurant lui revint en mémoire ! Elle se revit, s'admirant dans un miroir, vêtue des mêmes couleurs, lors de la venue d'Augusto… Un frisson la saisit qu'elle réprima avec peine, en chassant de sa vision, celle d'Augusto étendu sur la chaussée.
Mickaëla était consciente qu'elle ne devait pas créer de similitude entre ce passé et l'avenir. Cependant, elle n'avait aucune idée de ce qu'il allait être, et ce bref rapprochement avec le présent était comme une mise en garde dont le sens lui échappait à l'heure actuelle...
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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Sixième partie - Extraits - chapitre XII - 1 -Le supplice - Face à l'avenir
"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"
Date de dernière mise à jour : 31/08/2023