La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde

Chapitre X - 1 - L'enfant - Myriam de Magdala

Sixème partie 

Extrait – pages – 1253 – 1254 - 1255

Nous nous retrouvons en 2065. Mickaëla se réveille dans son appartement encore inorganisé. Les cartons non défaits s'empilent dans chaque pièce. L'appartement est charmant et la jeune femme n'aura pas trop de son week-end pour lui donner l'apparence qu'elle souhaite lui voir prendre.

Sa nuit lui a paru interminable et pourtant l'évocation qu'elle a commencée avant de s'endormir n'est pas terminée. Elle se sent hantée par ces songes et cependant le fait de les retrouver aussi nets et précis lui a fait du bien. Mickaëla réalise qu'elle ne pourra narrer tout cela à Eddie, surtout la suite directe du dernier songe évoqué. Il ne voudra jamais croire cet épisode de son passé antérieur ! Les deux suivants, à la rigueur … Non, plus elle y réfléchit, seul le dernier, dont elle a reçu récemment les prémisses analogiques, peut lui être raconté, parce qu'il y a des points qui se rejoignent, semble-t-il, avec leur vie présente et peut-être future.

Tout en vaquant à son installation et rangeant les placards, Mickaëla fait en elle-même l'inventaire des années qui ont précédées sa nomination à ce poste à Y.

En 2050, la jeune femme avait repris ses cours, vaille que vaille, après le drame de son second amour perdu. Ghislaine avait reçu ses confidences, sans étonnement, quant aux sentiments d'Augusto à l'égard de Mickaëla et de l'acte héroïque qui lui avait coûté la vie. Elle avait toujours considéré l'homme avec beaucoup de sympathie et avait vu son amie s'émouvoir à son contact progressivement, laissant naître un amour, hélas malheureux, encore une fois !

Les fêtes de Noël s'étaient passées bien tristement pour toute la famille de Mickaëla. Ghislaine pour distraire son amie de ses sombres pensées l'invita à passer le nouvel An et les quelques jours de repos qui précédaient, chez ses parents. Après ces courtes vacances, où chacun, chez son amie, s'attachait à lui faire retrouver le sourire, les cours reprirent.

C'est au cours d'un exercice de terrain que la jeune femme ressentit les premiers malaises, vertiges et vomissements. Ghislaine présente, pensa spontanément à une grossesse. Elle s'informa alors auprès de son amie. Cette dernière avait-elle pris certaines précautions d'usage lors de la journée fatidique ? Mickaëla ouvrit de grands yeux étonnés ! Elle n'avait pas pensé un seul instant que ses malaises pouvaient avoir cette cause… Son amie lui ouvrait les yeux rudement ! Elle convint, en effet, que n'étant pas fille à coucher facilement, elle n'avait pas de préservatifs. Elle n'y avait d'ailleurs même pas pensé, pas plus qu'Augusto. La promesse, qu'ils s'étaient faits mutuellement d'un seul acte physique, les ayant portés au-delà des contraintes habituelles, dans des sphères où l'on oublie toute prudence. Mickaëla ne prenait pas de contraceptif, il n'y avait pas de doute, elle se trouvait enceinte ! Elle ne paniqua pas et décida d'en parler à sa mère.

Celle-ci évalua calmement la situation. Marie, comme sa fille, ne désirait pas d'avortement. La solution lui vint d'elle-même à l'esprit. George était amoureux de Mickaëla et ne demandait qu'à l'épouser ! L'enfant porterait ainsi le nom de son vrai père ! La jeune femme ne pouvait envisager de poursuivre le métier qui l'intéressait en attendant un enfant. Marie savait que George venait passer quelques jours prochainement. L'hôtel où il travaillait, fermait une semaine en février. Avec quelque pudeur, cependant, Marie fit comprendre à Mickaëla qu'elle devait coucher avec le jeune homme, afin de pouvoir lui faire endosser cette paternité. Mickaëla était stupéfiée de la promptitude avec laquelle sa mère s'apprêtait à tout manigancer. La solution ne lui plaisait guère, elle aurait préféré élever son enfant toute seule. La jeune femme reconnaissait qu'elle n'avait aucune ressource pour le faire et qu'il lui faudrait alors, avouer qui était le père et toute la famille, son propre père en tête, rougirait d'elle. Elle était bien jeune pour partir au loin, entreprendre n'importe quel travail mal payé et mettre son enfant à la crèche. Mickaëla se laissa donc convaincre. Marie et elle-même, ainsi que Ghislaine, garderaient le secret.

Séduire George était facile ! Il ne désirait que cela ! Se laisser aller dans ses bras, au cours d'une soirée préparée dans leur petit appartement avec l'aide de Ghislaine et Julia, fut exécuté avec maestria. Au fond de son être, un profond dégoût d'elle-même la submergeait. Elle le reporta sur son partenaire, ce qui explique la suite des événements...

Extrait – page – 1256

 ... On eut dit qu'il avait mijoté une vengeance. La jeune femme s'insurgea qu'elle voulait élever son enfant, tout au moins les six premiers mois. George argumenta qu'elle devait profiter de l'occasion unique de pouvoir se mettre au courant dans un grand hôtel-restaurant de classe comme celui-ci. Il alla même jusqu'à lui dire qu'il lui couperait les vivres si elle refusait !

Mickaëla n'en croyait pas ses oreilles ! Où était-il le grand amour qu'il disait lui vouer ! La réplique vint foudroyante et implacable :

“Ne fais pas la fine mouche avec moi, lui dit-il, je me suis renseigné dans le voisinage de l'immeuble où tu habitais avec ton amie Ghislaine. Le jour ou mon père a trouvé la mort, sa voiture était garée à plusieurs mètres plus loin de l'entrée du 331, et deux commerçants riverains l'avaient remarquée. Ils ont reconnu que le véhicule avait stationné plus de quatre heures sous leurs yeux ! Tu peux me l'expliquer ?”

Mickaëla, prise au piège, ne savait que répondre ! Elle avait envie de lui dire la vérité et de repartir avec son enfant. Cependant, elle aurait voulu prendre conseil auprès de ses parents, quant à tout avouer à son père...

Extrait – page – 1258

... Mickaëla écrivait à sa mère son désarroi, mais n'osait indiquer à cette dernière, les connaissances que George avait réellement sur la naissance du petit Augusto, de crainte que son père ne lise la lettre. Elle se plaignait d'être privé de son enfant, malgré le choix qu'elle avait fait de rester dans la Principauté pour apprendre ce métier qui ne l'avait jamais tenté.

Marie lisait entre les lignes et lui proposait de rentrer avec l'enfant. Mickaëla ne pouvait lui expliquer le fond du marché qu'elle avait fait et se morfondait dans cette situation sans issue. Elle se disait, quand le contrat de George et le mien seront terminés, nous serons ensemble avec le bébé, nous nous organiserons une meilleure vie...

Extrait – pages – 1259 – 1260

... Ce fut, précisément, un jour de congé de George dont elle ne savait pas l'emploi, que la nourrice lui téléphona, pour lui apprendre que le bébé avait une forte fièvre. Le médecin appelé d'urgence en diagnostiquait difficilement la cause et désirait hospitaliser l'enfant. Pour cela il fallait l'accord de l'un des parents pour l'admission. Mickaëla déclara qu'elle prenait un taxi jusque chez la nourrice pour ramener l'enfant avec le médecin à l'hôpital. Ayant obtenu congé pour cette démarche urgente, elle passa à l'appartement pour prévenir George, si elle le trouvait ou lui laisser éventuellement un mot...

...  Mickaëla dans son fort intérieur, se dit qu'elle seule et l'une des autres secrétaires de l'hôtel, qui lui avait passé la communication téléphonique, étaient au courant de leur problème. C'était cette dernière qui avait prévenu George, sachant ou, et avec qui, il était. Matériellement Gladys n'avait pas eu le temps de partir avant elle-même, et elle ne se trouvait pas dans le bureau lorsqu'elle était allée demander congé au directeur, hélas la situation était claire pour la jeune femme, George la trompait.

La jeune femme n'épilogua pas cependant, et demanda à George s'il l'emmenait chercher l'enfant chez la nourrice ? George, très à l'aise lui répondit :

“Toi, tu retournes travailler et moi je m'occupe d'Augusto.”

 Mickaëla s'écria que c'était le rôle d'une mère d'être près de son enfant dans des moments aussi cruciaux de leur jeune vie. Que Monsieur D…, l'avait très bien compris, puisqu'il lui avait permis de partir…etc...

Extrait – page – 1264

... Elle interroge l'infirmière de garde. Cette dernière l'accompagne, avec un air qui n'augure rien de bon, jusqu'à la chambre du petit malade. A la grande surprise de la jeune mère, le bébé est couché à l'écart dans une chambre de quatre lits vides. George n'est pas présent. L'enfant semble reposer calmement. Mickaëla, précédée par l'infirmière, s'approche du lit, se penche sur le bébé pour percevoir son souffle, se relève brusquement effrayée et hurle :

“Mon enfant, mon enfant, Augusto ! …”

L'infirmière lui saisit la main et la fait asseoir près du petit lit

–“Votre mari n'est pas venu avec vous, lui dit-elle, quand il a constaté le décès, il est parti avec le médecin, pour vous chercher, nous a-t-il dit !”

Mickaëla reste prostrée sur la chaise à regarder son petit Augusto sans vie. Elle désirerait poser des questions, mais ses lèvres remuent sans qu'elle puisse proférer une seule parole. Elle lève les yeux vers l'infirmière, qui bien qu'habituée à ce spectacle, compatit à la douleur de la jeune mère prostrée. Voyant que celle-ci n'arrive pas à émettre un son, elle lui explique doucement :

 " Quand le père est arrivé avec le médecin, l'enfant était très faible. Le scanner a décelé une méningite aiguë et qui s'est révélée foudroyante en l'espace d'une demi-heure. Nous avons déposé l'enfant ici, en attendant le retour de son père et votre présence pour prendre les dispositions d'usage. "...

Extrait – page - 1267

... Mickaëla téléphone de nouveau à ses parents pour leur annoncer la volonté de George et leur demander quand ils arrivent. Marie a compris à demi-mots la détresse de sa fille et l'assure de leurs présences dès le lendemain. Son père a retenu des places dans le premier vol ayant des places disponibles. La jeune femme un peu rassérénée déjeune de quelques fruits, puis se repose une heure. Elle appelle un taxi et s'arrête au centre ville pour acheter des vêtements de deuil et des provisions qu'elle fait livrer à domicile, ne pouvant les porter avec sa béquille. Lorsque George rentre le soir, après son service, il ne s'enquiert, ni de sa journée, ni de l'état de sa cheville. Il lui confirme que la cérémonie religieuse aura lieu à neuf heures, suivit de l'incinération. Fait étrange ou sadisme de sa part, il ajoute :

–“J'ai prévu une urne funéraire que tu pourras garder avec toi si tu le désires.”

C'était à la fois, inattendu et inespéré, mais certainement assez horrible de sa part, au fond de sa pensée ! …

Extrait – pages – 1268 – 1269 – Rencontre avec Laura, femme d’Antonio.

... De cette brève rencontre, Mickaëla gardait un souvenir ineffaçable. Laura l'avait accueillie sur le seuil de la maison et conduite jusqu'à l'endroit précis où avait eu lieu la scène de la gifle et du coup de poing. Elle s'était arrêtée un instant, pensive, fixant un point invisible à hauteur des yeux. Puis, se retournant vers sa jeune cousine, elle lui prit la main dans les siennes et la regarda droit dans les yeux :

“Ce jour-là, dit-elle, j'ai su dès cet instant qu'il t'aimait ! Mon coeur s'est mis à battre la chamade, car je sentais que je l'avais définitivement perdu. Mais, ajouta-t-elle, je savais au premier regard que son Amour pour toi était total et sans faille ! Cet Amour qui le brûlait comme un fer rouge, le lavait de son passé trouble d'enjôleur patenté. Marie m'a raconté le choix que vous aviez fait. Je l'ai cru, je te fais confiance. Je te propose de faire sceller l'urne contenant les cendres de votre enfant sur la tombe de son père.”

 Mickaëla très émue par la magnanimité de Laura, se jeta en larmes dans ses bras. Une étreinte chaleureuse les réunit pendant de longues minutes. 

A ce moment précis, Mickaëla comprit qu'elle mènerait un jour à bien la mission commencée par une autre elle-même à la fin du siècle dernier et au début du suivant. Elle ne savait ni comment, ni quand, mais la certitude se faisait jour en elle, que le pardon de Laura ouvrait des horizons de Foi et d'Amour et qu'elle n'aurait pas trop de sa vie pour les réaliser.

Une cérémonie, très simple, eut lieu en famille pour le scellement de l'urne funéraire du petit Augusto sur la tombe de son père. Le prêtre de la paroisse qui les connaissait tous, était venu bénir ce geste rédempteur. La famille se retrouva soudée, et Mickaëla recommença à envisager son avenir...

Extrait – page – 1269

... (Comme pour la mettre en garde d'une erreur à ne pas répéter, la Shekhina s'était dressée. Soulevant le voile d'un passé de plus de deux mille ans, elle l’avait clouée au sol d'étonnement, mêlé de respect et de crainte, en lui citant la vie d'une certaine “Myriam de Magdala” dont elle portait en elle l'antécédence et l'avenir. )

Cette nouvelle approche de son moi profond que lui avait faisait faire la Shekhina, plongeait Mickaëla dans une stupeur compréhensible au lecteur, je le suppose !...

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Grape vine 1Copyright by Micheline Schneide Le Brun - Sixième partie - Extraits - chapitre X - 1 - L'Enfant * Myriam de Magdala

"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"

Date de dernière mise à jour : 26/08/2023