Chapitre XIII - Quand se profile le visage de l'Amour
Deuxième partie
Extrait – page – 279 - 280 - Quand se profile le visage de l’Amour - 1967
… Dans le courant de cette année 1967, Milène et moi-même, nous nous rencontrions de temps à autre pour bavarder devant une tasse de thé ou un verre de jus de fruits. Pour chercher à l'école ses enfants, les jours de mauvais temps, son mari lui proposa de prendre des cours de conduite et acheta une voiture pour l'inciter à le faire. Ses leçons durèrent pendant des mois avant qu'elle n'obtienne son permis ! Cependant, une évolution se produisit chez elle à partir de cette période. Ayant découvert, à Rambouillet même, un coiffeur plutôt farfelu, Daniel, celui-ci la transforma en lui suggérant une teinture flamboyante rousse qui allait bien avec la couleur de ses yeux verts. Elle s'habilla mieux et avait l'air très excitée lorsqu'elle revenait de ses cours de conduite…
Ce qui me surprenait toujours, pour une mère de “famille nombreuse”, c'est qu'elle partait fréquemment faire ses courses, à l'heure où précisément, ses quatre enfants rentraient de l'école. Cependant elle avait une femme de ménage depuis quelques mois et aurait pu faire ses achats pendant que cette dernière s’occupait de la maison. Je constatais qu'aux beaux jours, elle préférait rester allongée sur sa chaise longue, sur le balcon, aux heures calmes et fuir les quatre petits diables dès leur retour...
... Le Salon de la confiserie avait lieu en septembre. Je demandais à Milène, si son mari, qui se rendait tous les matins rue de Vaugirard, pourrait me déposer au passage à la Porte de Versailles où se tenait cette manifestation professionnelle. Elle accepta pour lui, mais je crois que lui-même, qui n'aimait pas s'encombrer de gênes, tiqua un peu. Cependant, pour raison de bon voisinage et d'enfants amis, il se plia à sa demande me concernant et c'est ainsi que je partis durant ce Salon, tous les matins en semaine, soit seule avec lui, soit avec sa maman qu'il passait prendre au passage au Perray.
...Dans les mois qui suivirent nous nous revîmes tous les quatre ainsi que le couple de pâtissiers, dont les gâteaux étaient réputés comme délicieux à Rambouillet. Lequel couple était client de Grégoire et avec qui, étant tous des gourmands et nous rencontrant fréquemment ensemble à la pâtisserie, nous avions sympathisé...
Extrait - Pages 281 - 282 – 283
... Cependant, nous nous retrouvions tous les six assez souvent, en fin de semaine. Milène et Grégoire s'entendaient fort bien. Plutôt sportifs tous les deux, aimant bouger, je regardais avec surprise mon mari devenir aimable et prévenant. Je dois reconnaître que de mon côté, j'étais très attirée par Édouard, très bel homme de type méditerranéen, au profil grec et racé, d'un an mon aîné, intelligent sans forfanterie. Ce qui n'était pas le cas de Milène qui, si elle possédait l'esprit de réparti que je ne pouvais qu'admirer, avait tendance à mettre à tout propos et même, hors de propos, son savoir universel en vedette, bien qu'il lui arrive, parfois, d'inventer ou de se tromper, mais ceci avec une telle assurance ! Néanmoins je l'admirais car elle avait une mémoire assez prodigieuse. Je l'aimais bien, m'étant attachée à elle parce que j'éprouvais le besoin d'une amitié féminine sincère. Nicole me manquait beaucoup, et je crois que l'une et l'autre, avions un même désir de confidences. En amitié, les différences peuvent, comme en amour, apporter la complémentarité.
Maintenant que je les connaissais mieux l'un et l'autre, je les trouvais très différents de l'image qu'ils nous avaient donnée d'eux-mêmes au prime abord ! Milène, que j'avais d'abord connue triste et morose, semblait s'être épanouie depuis le passage de son permis de conduire. A sa métamorphose physique indiscutable, succédait, celle non moins spectaculaire de son moi, qui avait refait surface et la poussait à se mettre en vedette chez tous les commerçants et dans notre petite assemblée. Quant à Édouard, si distant lors de certains parcours communs en voiture relatés plus haut, son attitude avait bien évoluée et il jouait le “joli cœur” entre Yolande, la pâtissière et moi-même, comme s'il voulait nous rendre jalouses l'une de l'autre..
... Je voyais Grégoire très entreprenant auprès de Milène. Je le constatais de façon amusée, me disant qu'il avait eu beau jeu de jouer les jaloux, alors que, lui-même semblait tout décidé à sauter le pas.
Il nous arrivait de terminer nos soirées en dansant sur des musiques à la mode. J'étais obligée de me rendre compte que les contacts avec Édouard me troublaient et ne le laissaient pas, lui-même, indifférent. Cependant, toujours positionné sur sa technique de dérision, il me taquinait en me disant que j'avais un petit cheveu sur la langue, ce qui était faux. Cela semblait être pour lui, une sorte de sauvegarde à laquelle il se raccrochait pour ne pas sombrer, ceci ajouté aux œillades et compliments destinés à Yolande ! Je sentais un vent de conquête se lever en moi, et soudain, piquée au jeu, je décidais d'aiguiser mes armes…
Extrait – pages 285 – 286 - Le premier faux pas !
... A la suite de tout ceci, je constatais qu'un jour de semaine, Milène ayant demandé à Grégoire de l'emmener à Paris où elle avait des courses à faire en prévision des fêtes de fin d'année, la situation avait pris entre eux, un tournant bien précis. Je le sus tout de suite. Par instinct féminin, d'une part, et d'autre part, en constatant que mon mari, ce jour-là, n'avait pas mis le tricot de corps triboélectrique, qu'il portait habituellement par temps froid. Lorsqu'il rentra le soir, une odeur de parfum, que je reconnaissais, environnait sa personne et quand je lui demandai s'il avait passé une bonne journée, il eut un petit silence gêné puis acquiesça. J'en profitais pour surenchérir en lui affirmant que je n'étais pas dupe. Qu'il avait certainement mené à bien sa conquête physique près de Milène, puisque j'avais constaté qu'il n'avait pas mis “son tueur de passion”, en l'occurrence, son maillot de corps ! ...
Se voyant découvert, Grégoire ne nia pas et se lança dans un luxe de détails dont je me serais bien passée et qui me semblaient d'un goût douteux. Peut-être, était-ce pour lui une revanche à prendre !...
... - “Tu ne verrais donc pas d'inconvénients si de semblables rapprochements se faisaient entre Édouard et moi-même ?”
Cela ne sembla pas l'offusquer le moins du monde et il me répondit : - “Mais bien sur !”
Extrait – page – 289
... Je suggérais que notre comportement sexuel réciproque nous renseigne si cette attirance, que nous ne pouvions nier, était également complétée par un sentiment plus noble et profond. La fin de ma phrase semblait le laisser sceptique. Il me dit qu'il était d'accord pour essayer après les fêtes qui approchaient. Il était, maintenant, convaincu que je lui avais dit vrai concernant le pas sauté par Milène et Grégoire, mais il désirait attendre que je prenne la pilule contraceptive avant de passer aux actes. Il insista pour que je lui raconte mon aventure avec Jacques et je ne lui cachai rien...
Extrait – page - 290
... Conscient de n'avoir pas été très net la soirée précédente, Édouard vint faire amende honorable le lendemain, me précisant que c'était pour embêter Grégoire qu'il avait agi ainsi ! Je lui répondis vertement que son attitude ne m'avait pas plu du tout et que je ne tenais pas à le voir d'ici quelques temps. Je suppose que je fis bien d'agir ainsi, car mon comportement l'amena à changer le sien à mon égard. Il comprit qu'il y avait une sincérité en moi et que s'il la blessait, je ne poursuivrais pas plus loin...
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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Deuxième partie - chapitre XIII - Quand se profile le visage de l'Amour - Le premier faux pas
"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"
Date de dernière mise à jour : 04/06/2023