Chapitre VI - Le voyage de noce
Deuxième partie
Extraits – pages 169 - 170
Le voyage de noce
- Comme Perceval, chevalier de la Table Ronde, à l'éternelle recherche du Saint Graal, dès le premier jour où j'eus conscience que l'Amour existait, je fus à sa recherche.
- Certes, mes voies ne furent pas toujours dignes de ce noble sentiment, cependant si le corps eut des faiblesses, la ligne intérieure resta axée sur la sublime beauté de l'échange et de la compréhension mutuelle, sur le don total de soi-même avec espoir du même retour…
... Le meilleur souvenir de ce séjour en Suisse restera sans nul doute, celui émerveillé de la Fête des vignerons de 1955.
L'oncle paternel de mon mari habitait Vevey où il dirigeait le Comptoir des tissus, si mes souvenirs sont bons. Participant activement avec sa famille à la bonne mise en place de cette fête magnifique ou chacun avait eu à cœur de faire son costume, de défiler, danser, chanter ou déclamer, l'oncle Grégoire, sachant que nous serions déjà repartis au moment où la fête commencerait, nous avait obtenus de pouvoir l'admirer pour la répétition générale en costumes. Franchement, tous avaient, à l'unisson, réussis une splendide performance.
L'accueil dans cette famille bénit du ciel, fait aussi partie de la fête. Leur vie de chrétiens unis, attentifs et à l'écoute des autres, m'a toujours fait rêver. Raoul, Philippe et Nicole me paraissaient des modèles d'enfants. Peut-être qu'une petite pointe d'esprit ironique les rendaient un peu médisants, mais avec tant de doigté que cela ne m'apparût réellement qu'à mon second voyage Tante Germaine était, à mes yeux, pourvue de toutes les qualités qui font une parfaite maîtresse de maison, d'autant qu'à cette époque, tout en Suisse était “Nickel ou tip-top”. De plus, ses qualités de cœur et sa foi, m'en faisaient un modèle auprès duquel j'aurais aimé vivre. D'ailleurs, lorsque le Seigneur me fit la grâce de Son pardon, elle fut l'une des premières personnes à laquelle je l'écrivis, malgré les événements qui nous avaient séparées.
Extrait – page 173
...A quelques temps de là, un examen médical confirma que j'étais enceinte et lorsque j'appris la nouvelle à mon beau-père, sa réaction fut : .
_ “Ah ! C'est malin, vous ne pouviez pas attendre !”
Je suppose qu'il pensait d'une part, que nos lieu et moyens d'existence se prêtaient mal à une naissance et que pour ces raisons il la jugeait prématurée, d'autre part, que si j'envisageais d'élever mon enfant, c'était le cas, cette subsistance en serait réduite et de plus il perdrait une employée dévouée. Je lui répondis, connaissant sa foi : .
_ “C'est Dieu qui décide de ce genre d'événement”.
Ce qui coupa court à toute autre remontrance, et il acquiesça en disant :
- “C'est vrai”.
Extrait – page 176
...Comme j'allaitais mon bébé et que les tétées étaient longues, je fatiguais, mal calée dans le fauteuil de cuir de papa, parce qu'un peu trop menue pour pouvoir être installée confortablement. Alors maman me disait de me reposer et me le prenait pour le rôt, le change et pour les parties de “guili-guili” sur le coussin à langer. Je n'osais l'en priver, car elle paraissait y prendre tant de plaisir et renaître à la vie. N'ayant aucune possibilité de laver les couches dans ma petite chambre de bonne, c'est elle qui me faisait la lessive du bébé, je trouvais donc normal pour répondre à sa gentillesse et compenser son manque d'amour de la part de son mari, de la laisser à sa joie.
Extrait – pages 177 - 178
L'ami d'enfance
Ce jour-là, maman attendait Renée qui venait la visiter avec son neveu, mon ami d'enfance. Ce dernier était parisien pour quelques jours, à la recherche d'un logement, travaillant en septembre à Paris, dans les P et T. Je montai au jardin, jusqu'au plateau situé au-delà des préaux, pour trouver un peu d'air frais et m'installai sur le pliant que j'avais apporté. Les bancs de bois n'étant pas toujours disponibles, cela me permettait de me mettre à un endroit plus calme.
J'avais suggéré à maman qu'elle indique à Georges L. M... comment me retrouver au parc, nous serions ainsi plus à l'aise pour bavarder. Je me plaçais de façon à observer les allées et venues des promeneurs, afin de repérer plus facilement mon ami d'enfance dès qu'il apparaîtrait.
Je l'aperçus dès qu'il gravit le haut des degrés qui montaient du premier plateau vers le second, je lui fis signe de la main. Malgré les quatre années qui séparaient nos dernières vacances communes, nous nous retrouvâmes comme si nous nous étions quittés la veille.
Nous ne fîmes pas un geste pour nous embrasser, comme retenus par une sorte de pudeur… Nos regards, cependant, se croisèrent longuement avec une grande tendresse, qui devint douloureuse dans le sien, quand mes yeux se remplirent de larmes que j’eues toutes les peines du monde à contenir. Nous les détournâmes pour les porter sur le bébé que nous contemplâmes un moment en silence. Puis il le rompit et me dit, pensivement et interrogativement : .
_ “Cet enfant aurait pu être le nôtre?” .
Je le regardais, à la fois surprise de son assurance et cependant consentante quant au fond de la question. Je hochais la tête affirmativement, la gorge serrée par l'émotion qui m'envahissait. J'avais, envie de pleurer, de dire tout ce que je gardais secret au fond de moi-même. Je rêvais de pouvoir me délivrer sur une épaule bienveillante et compréhensive. Cependant, je sentais que je n'aurais fait que le blesser davantage lui-même, car son aveu venait de m'expliquer clairement quel rêve il avait fait.
Doucement, sentant bien dans mon non dit, que les regrets étaient partagés, il me dit : .
_ “Vois-tu, c’est pour cela que je viens travailler à Paris. Pour éviter une nouvelle erreur de ma part. Je n’ai pas été capable lors de notre dernier été, de te dire combien tu “comptais”pour moi et que je formais des projets pour notre avenir. J’étais jeune, j’avais à envisager un nouveau choix pour mes études, l’incertitude du lendemain me bloquait. Je pensais te retrouver l’été suivant avec quelque chose dans les mains. Je n’ai rien osé dire. Dans nos échanges de lettres, tu m’expliquais tes projets de bal du G.M., tes rencontres et puis plus rien ! Le silence, le vide, remplit soudain par la nouvelle transmise par ta maman à la mienne, que tu fréquentais un garçon. J’ai compris qu’il était trop tard pour parler ou plutôt écrire.”
Extrait – pages 181 -182
Le baptème
... Avant la cérémonie qui eut lieu le dimanche vers quinze heures, Grégoire alla déposer chez ses parents, les petits fours frais qu'il rapportait de la pâtisserie où il travaillait, le champagne offert par papa, était au frais depuis la veille. Je n'eus pas la curiosité de poser la question à mon mari quand il en revint, quant à la préparation de la table, habituée comme je l'étais dans ma famille à ce que tout fut fait dans les règles de l'art de recevoir. J'avais néanmoins prévu des serviettes de papier pour éviter tout lavage à ma belle-mère. Bien m'en prit, car nous eûmes la surprise en arrivant de trouver la maison dans son ordre super propre et rangé habituel, mais sans le moindre signe de réception.
Dans ma pensée, je supposais l'offenser que de demander à ma belle-mère, quelle nappe elle pensait mettre pour garnir la table recouverte d'une glace à ramages peints au vieil or fin, nos nappes n'étant pas assez grandes pour cette table ? Mais dès les premiers pas dans le séjour, je compris soudain ce que voulait dire, pour une grand-mère baptisant son premier petit-fils : “Mais je ne m'occuperais de rien !”
Je confiais rapidement mon bébé à maman et demandais à ma belle-mère où se trouvaient les plats, les assiettes à dessert, les cuillers et fourchettes à gâteaux, afin de préparer rapidement la table, supposant qu'elle ne désirait pas salir de nappe pour l'occasion. Grégoire de son côté s'enquit des coupes et les disposa sur la table. Justine habituée des lieux nous aida à trouver les objets en question.
Dans leur séjour, comme au milieu d'un musée, mes beaux-parents ne faisaient asseoir personne, pendant que nous nous agitions, Grégoire et moi-même pour réparer la réception qui s'annonçait mal. Mes parents n'avaient jamais été reçus par mes beaux-parents et je pouvais lire dans les yeux de papa ce qu'il en pensait. Le premier coup d'œil de maman devant l'absence de toute préparation, m'assurait déjà de ce que j'entendrais, après… Dans l'immédiat, il fallait remédier à cette absence d'hospitalité flagrante et semblait-il voulue. Nous étions très gênés, leur propre fils comme moi-même, d'avoir à dire aux invités de prendre place. Soudain, mon beau-père qui semblait, contrairement à son habitude de commandement, planer au-dessus des circonstances, s'avisa que tout le monde était debout et nous déchargea de l'initiative que nous aurions due avoir en priorité, mais cela nous semblait être, leur rôle !
Philippe pleurait, je délaissais donc par force mon rôle de maîtresse de maison improvisée et mal à l'aise, puisque n'étant pas chez moi, pour allaiter mon bébé. Grégoire servit le champagne, Marie-Laure et Justine passèrent les petits fours se rendant compte de l'évidente mauvaise volonté de la mère de Grégoire.
Les conversations eurent bien du mal à être nourries, maman et Taty firent de leur mieux, cependant, papa voyant mon regard attristé rengaina sa morgue et dialogua. Plus de deux heures s'égrenèrent laborieusement, pénibles pour tout le monde. Le bébé était très agité dans son sommeil, il était couché dans la chambre voisine et j'allais l'observer souvent, me dégageant avec plaisir de cette incroyable atmosphère, dite familiale.
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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Extraits - Chapitre VI - La voyage de noce - l'ami d'enfance - le baptème
"La premiière et merveilleuses histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines"
Date de dernière mise à jour : 20/05/2023