Chapitre I - L'enfance 1ère partie
Première partie
Extrait - Page 17
Ce qui me retenait le plus, c'était que je ne savais pas à quel titre je devais la conter ! C’est la Shekhina, en m’expliquant sa présence et ce que nous étions l’une pour l’autre, qui m’indiqua d’être tout simplement la femme que j’étais pour révéler ce que je savais.
Aujourd'hui, devant les difficultés toujours croissantes de l'heure, je constate que c'est pleinement l'être humain, dans le même bateau en perdition que ses frères, qui doit prendre “1a plume” et exprimer une histoire à la fois très humaine et spirituelle.
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Mes grands-parents possédaient une petite maison à Larmor-Plage et nous nous y étions rendus cette première année de guerre, comme chaque année, l'été. Les Allemands étaient en Bretagne et se baignaient à la plage de Larmor, comme ailleurs sans doute.
Ce jour-là, l'un d'eux me trouvant très mignonnette, me photographia et demanda à maman notre adresse pour nous envoyer la photo. Maman ne voulut pas la lui donner. Mon grand-père, officier de marine à la retraite, Capitaine de Frégate, Chevalier de la Légion d'honneur, n'aurait jamais accepté l'idée que maman donna son adresse à “l'ennemi” ... Cet Allemand, jeune père de famille avait une fillette de mon âge au Pays, dont il se languissait et la ressemblance sans doute l'avait conduit à désirer faire cette photo. Il avait également voulu me donner un bonbon et maman, conformément à la volonté de son père, répondit, non. Le bruit courrait que les bonbons que les occupants proposaient aux enfants étaient empoisonnés
Lorsque j'ai pris conscience du sens de cette histoire, j'ai compris l'attitude de mon grand-père en cette période troublée. Mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la compassion pour ce papa séparé de sa petite fille, comme je le fus moi-même, durant plusieurs mois, du mien.
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Bien que très jeune, en ces débuts de guerre, j'ai le souvenir précis du décès de ma bisaïeule maternelle. Grand-mère T... était à quatre-vingt-dix-huit ans une femme dynamique et menant encore diverses activités. Quelques mois avant sa mort, elle faisait encore des visites de charité, montant les marches d’escaliers forts raides des vieilles maisons vannetaises. Elle allait porter réconfort et amitié à des personnes parfois moins âgées qu'elle-même, mais plus handicapées.
Je la revois, plus grande que ses filles, vêtue d'une longue robe noire, agrémentée de dentelles blanches. La tresse de ses longs cheveux blancs de neige, en couronne sur sa tête fine, lui donnait beaucoup d'allure malgré son grand âge. A la déclaration de guerre, ses deux filles habitant à Lorient l'avaient incitée à venir les rejoindre. Elle logeait chez tante Louise, deux rues plus loin de celle où était sise la maison de mes grands-parents.
Se levant un matin, elle fit une chute de son lit et se brisa le col du fémur. Il est bien connu qu'à cet âge avancé, à cette époque tout au moins, ce type d'accident entraînait la mort, à plus ou moins long terme.(Je sais maintenant que cela est toujours vrai en 2020) Elle s'affaiblit progressivement, car de constitution robuste, sa belle santé luttait vaillamment contre le fait d'être irrémédiablement clouée au lit, elle, la grimpeuse d'escaliers.
J'allais la voir souvent avec grand-mère D..., maman et Julienne. Un jour maman me dit : - “Grand-mère T... est morte, nous allons la veiller, veux-tu venir l'embrasser, elle ne sera bientôt plus avec nous ?” .
Ce fut mon premier contact avec la mort.
Le corps avait été descendu au rez-de-chaussée, et placé au salon. Il était étendu sur le canapé au fond de la pièce, environné de petites tables sur lesquelles étaient posés cierges et bougies, formant une sorte de chapelle ardente. C'était beau et impressionnant, mais cela ne m'effrayait pas et j'allais embrasser mon arrière-grand-mère sans hésitation, bien qu'entendant les réticences de ma sœur, qui elle, ne voulait pas s'approcher. Je crois, que déjà à cet âge là, la mort ne m’effrayait pas, comme une sensation de retour vers la maison de Lumière encore inconnue.
Tante Louise racontait : “Je me suis réveillée ce matin, j’ai constaté que maman dormait en paix. A peine étais-je habillée, que j’ai entendu sonner à la porte de la maison, je m’y suis précipitée, mais je n'y trouvais personne. J'ai aussitôt pensé à maman, je suis remontée à sa chambre, elle ne respirait plus”. Tante Louise avait, paraît-il, pratiqué le “spiritisme” après le décès de son époux et était très sensibilisée aux messages des esprits. Toujours est-il que l'ensemble de cette vision du “départ” de ma bisaïeule, est resté gravé dans ma mémoire comme un acte positif, car cette dernière possédait et exprimait une grande foi en Dieu.
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Ma première maîtresse d'école s'appelait Françoise, et Julienne qui la fréquentait comme accompagnatrice de sorties aux "éclaireuses de France", lui disait : "Tante Françoise". Je pensais donc, dans ma tête de fillette très entourée, qu'une tante pour ma sœur devait être une personne gentille pour moi. Il ne me parut pas que ce fût le cas lorsque je ne sus pas lui répondre ce que voulait dire "biscuit". Il est vrai que j'avais écouté distraitement parce que ma voisine prétendait m'initier à des pratiques douteuses et malpropres, me semblait-il, et que cela m'avait fort troublée. Toujours est-il que ce jour-là, n'ayant pas su lui répondre que cela voulait dire “deux fois cuit” j'eus une retenue, la première des rares retenues de ma vie d'écolière, j'étais ulcérée ! Quelques jours plus tard, je débutais une nouvelle angine.
... Ces angines répétées me valurent la meilleure décision que mes parents prirent pour moi dans la vie. Ils choisirent de me faire entrer à l’École des Sœurs du Saint-Esprit. Ceci au Pré Saint Gervais, banlieue proche du quartier parisien en périphérie où nous habitions.
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Copyright by Micheline Schneider Le Brun - Extrait - Chapitre I - L'enfance première partie
"La première et merveilleuse histoire d'Amour du monde ou Hologrammes de deux VIES humaines pour des Entités Divines
Date de dernière mise à jour : 16/06/2023